“L’internat
séquentiel, ou de l’internat à “l’alternat”, quel outil pour l’éducateur, quels
effets éducatifs ?”
SOMMAIRE
AVANT- PROPOS
INTRODUCTION
LA MISE EN PLACE DE L’INTERNAT AMÉNAGÉ DANS L’ÉTABLISSEMENT
1 / L’internat aménagé - Comment ?
Pourquoi ?
2
/ Situation-type d’un petit garçon, répondant aux objectifs de départ de la mise en place de l’internat aménagé
dans l’établissement
*
“Jules, ou l’alternat pour expérimenter
la transposition”
HYPOTHÈSES D’AUTRES EFFETS BÉNÉFIQUES DE L’INTERNET
SÉQUENTIEL DANS L’ACCOMPAGNEMENT ÉDUCATIF...
Ou, l’internat séquentiel comme modalité de
séparation spécifique peut-il
favoriser l’évolution de l’enfant, l’évolution
familiale... ?
1 / Retour
sur la situation du petit Jules
2 / 2
autres situations d’enfants pris en charge en internat séquentiel dans l’établissement, situations révélant
chacune des effets bénéfiques.
* Paul : de l’impossible séparation
au “manque suffisamment bon”
*
Martine : “j’ai jeté mon biberon, j’ai retrouvé mon lit...”
3 / “Mais
l’internat aménagé, c’est aussi...”
4 / Les
effets bénéfiques de l’internat séquentiel observés
pour les parents
5 / Les effets sur l’accompagnement éducatif
pour les éducateurs
DERNIERS PROPOS... DERNIÈRE HYPOTHÈSE...
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
AVANT-
PROPOS
Cet écrit m’amène à m’engager au plus proche de mon travail
d’éducateur spécialisé…
Il s’avère, pour moi, riche en découvertes, en remises en
question, en réflexions sur les autres, sur moi - plus largement sur une, des
pratiques éducatives...
Le cheminement de ce travail s’inscrit dans une démarche
globale d’approfondissement d’un positionnement professionnel en lien avec ma
personnalité, en lien avec ma perception des besoins de l’Autre, de ma capacité
à y répondre seul et/ou avec d’autres...
Il vient questionner, je crois, la dimension ma spécialisation d’éducateur…
Mais une spécialisation pourquoi et en quoi ?
Stéphane VACHON[1] explique qu’il n’y aurait peut-être
pas de réelle recherche sans spécialisation...
Alors ma formation d’éducateur spécialisé n’aura-t-elle pas
été l’espace d’une profonde recherche, personnelle puis professionnelle,
individuelle et collective ?
Ne s’agit-il pas alors, d’approfondir un secteur
d’intervention qui, même s’il est spécifique, pourrait peut-être permettre une
élaboration d’une pratique éducative plus large ?
Il est ainsi question pour moi d’étudier, une problématique
en lien avec le secteur d’exercice spécifique de ma pratique professionnelle
qu’est l’internat.
Et c’est bien à ce moment, celui d’aller explorer ce qui
pourrait être appelé, en détournant une expression de Georges PEREC “l’infra-internat”,
que je comprends un peu mieux la citation de CONFUCIUS, “l’expérience est
une lanterne que l’on porte dans le dos”.
En effet, j’ai commencé à travaillé en internat il y a
maintenant plus de treize années, en faisant tout d’abord des remplacements
dans une maison d’enfants à caractère sociale, puis en tant que
stagiaire de contact dans ce même établissement.
Il s’agissait d’un internat pour enfants placés, souvent
très longtemps, par le juge dans le cadre de l’assistance éducative et de la
protection judiciaire. Les liens et les retours en famille étaient, pour
beaucoup, inexistant ou restreints, tant nombre des situations étaient
chaotiques.
J’étais amené plus tard à vivre une nouvelle expérience
d’internat, différente, auprès d’enfants déficients mentaux, dans le cadre du
stage long de ma formation de moniteur-éducateur.
Je rejoignais ensuite une autre maison d’enfants à
caractère social, pendant 4 ans, avant de m’engager vers l’accompagnement
d’enfants présentant des troubles du comportement et de la personnalité en institut
de rééducation, avec une prise en charge éducative, pour une grande partie
de ces enfants, en internat.
Treize années de travail en internat, 13 années au centre de
séparations, d’accompagnements éducatifs au quotidien, de travail avec les
familles, d’échecs, de difficultés, de progrès, de réussites, de “retissage de
liens”, de retrouvailles parents-enfants, d’orientations, de départs...
Treize années d’expériences ! Mais qu’en dire, qu’en
transmettre, qu’en penser, qu’en faire...
“L’expérience est une lanterne que l’on porte dans le dos”[2].
Joseph ROUZEL viendra alors rappeler que cette expérience ne suffit pas à
elle seule, elle éclaire peut-être le chemin parcouru, mais pas celui qui se
trouve devant.
Aussi, pour que cette lumière s’élargisse et puisse servir
pour avancer, il nous faut réfléchir l’expérience, étudier son contenu, ses
situations vécues, ressenties, perçues, la traverser d’apports théoriques, pour
en construire des savoirs, des discours transposables quand cela est possible,
transmissibles, des “savoirs faire”, peut-être des “savoirs être”...
Je me propose alors d’aller explorer un “pan” d’internat,
quelques unes de ses “petites cuillères”, de ses effets, de ses objectifs pour
ses usagers, à un niveau individuel et collectif, pour peut-être une nouvelle
fois bousculer d’éventuelles certitudes,
découvrir plus, par ce travail de distanciation et de recherche-spécialisation,
que ce que je vois, ce que je crois...
Une nouvelle pierre à la construction de mon identité
professionnelle...
INTRODUCTION
L’internat se présente comme une modalité de fonctionnement
commune à un grand nombre d’établissements destinés à accueillir des enfants ou
des adolescents hébergés hors de leur milieu familial.
Il s’agira alors quasiment toujours d’une structure
résidentielle d’éducation où “l’usager” est pris en charge, individuellement et
dans un collectif, par des adultes qualifiés dans ce travail.
Dans le secteur social et médico-social, il répond à des
indications particulières de placement, décidées par une autorité
administrative ou judiciaire, ou demandées par un parent, une famille (voir,
dans certains cas, par l’usager lui-même)...
Cependant, le terme internat reste un terme générique
pouvant recouvrir une diversité de situations.
Et même si l’internat évoque toujours une situation de
séparation du milieu d’origine pour l’usager, on ne peut parler d’un internat
mais des internats.
En effet, le placement en internat dans une structure à
caractère social, au titre de l’assistance éducative ou de la protection
de la jeunesse par exemple, n’aura souvent pas, de fait, les mêmes visées
sociales et éducatives qu’une orientation préconisée en internat, par la Commission
Départementale de l’Education Spéciale (nécessitant obligatoirement
l’accord de la famille), pour un enfant déficient ou présentant des troubles du
comportement et de la personnalité... La symbolique des deux termes, placement
et orientation, définit à elle seule une distinction déjà riche de sens...
Même si dans ces deux exemples, le quotidien peut rester
jalonné par des actes et des situations similaires, la cause de la séparation
n’engendrera souvent pas les mêmes enjeux relationnels, les mêmes spécificités
d’accompagnements, les mêmes projets pour les “usagers”...
De même, une différenciation peut être raisonnablement faite
entre les internats que l’on pourrait qualifier de “à temps plein” ou “à
l’année” (touchant particulièrement les placements ASE ou judicaires),
les internats de semaine (pour une grande partie des structures de l’Education
Spéciale et du handicap) et l’arrivée progressive des internats
séquentiels.
Aussi, au delà de cette présentation élémentaire de
l’internat (induisant l’idée d’une suppléance éducative, voire familiale) et de
cette distinction importante dans ce terme générique, ma question, motivée par
son “semblant” d’actualité, se porte sur
l’avènement de plus en plus conséquent de cette “nouvelle” modalité d’accueil
présentée sous le terme “d’internat séquentiel” (face à l’internat
classique “à temps complet”).
En effet, à ce jour, de plus en plus d’établissements, pour
le plus grand nombre, dépendant des orientations de la Commission
Départementale de l’Education Spéciale (ne traitant donc légalement
pas de situations de danger des mineurs ou d’assistance éducative...) s’ouvrent
à cette “nouvelle forme” d’accompagnement éducatif...
“Nouvelle forme”... En fait pas vraiment, car elle semble
être déjà utilisée depuis plusieurs années par le secteur pédopsychiatrique
dans certaines interventions à visée thérapeutique.
Néanmoins, modalité somme-toute récente pour de nombreux
établissements médico-sociaux...
Au centre de l’actualité du travail social, où le maintien
du sujet dans le milieu d’origine doit être favorisé tant que possible, et dans
cette évolution de l’action éducative renforcée par la loi de 2002, l’internat
séquentiel peut peut-être trouver une place intermédiaire pour de nombreuses
situations.
Cependant, même si on en entend parler de plus en plus,
qu’est-il vraiment ?
Quelles pourraient alors être les raisons et les buts
de cette nouvelle forme d’internat, les avantages et la portée de cet outil
dans le processus d’accompagnement éducatif ?
Quels effets auront cette nouvelle forme d’internat
sur l’action de l’éducateur spécialisé ?
Après avoir travaillé plusieurs années en maison d’enfants
à caractère social, je suis éducateur, depuis 6 ans, dans un institut de
rééducation auprès d’enfants souffrant de troubles du comportement, de la
conduite et de la personnalité, orientés par la Commission Départementale de
l’Éducation Spéciale (CDES).
A noter qu’en aucun cas il ne s’agit d’un établissement de
placement d’assistance éducative ou de protection de la jeunesse. Sa mission,
bien que recevant de nombreux enfants “socialement démunis” ou en “difficultés
familiales sérieuses”, est un travail autour des troubles du comportement et
des difficultés cognitives de ceux-ci.
Malgré un surcoût très important pour son fonctionnement et
sa logistique, cet établissement a lui aussi opté pour la mise en place d’un “internat
séquentiel” et de l’externat (pour une faible partie) pour l’accompagnement
éducatif de ses “usagers”, abandonnant définitivement l’idée d’une prise en
charge en internat uniquement “à temps complet” en 1999.
Si les motivations de départ sont clairement définies, il me
semble aujourd’hui qu’elles sont loin d’être exhaustives...
Aussi, ce travail, s’appuyant sur des situations d’enfants
accompagnés dans une alternance hebdomadaire entre famille et établissement,
pourra peut-être m’amener à entrevoir d’autres effets de la mise en place de “l’internat
séquentiel” ou “internat aménagé” pour les “usagers”, mais aussi
pour les éducateurs.
Ou : de l’internat à “l’alternat” (contraction
d’internat alterné), quel outil pour l’éducateur, quel but éducatif ?
Je me propose ainsi de développer ma recherche en 4 parties
principales :
- l’avènement de “l’internat aménagé” dans l’historique de
cet établissement, comportant les raisons de départ du choix de la mise en
place de cette modalité de prise en charge dans son projet.
- la présentation d’une situation-type d’un enfant,
répondant à ces raisons de départ.
- la découverte d’autres effets bénéfiques de la mise en
place de “l’internat aménagé” pour les usagers et pour l’établissement, étayée
par 2 situations d’enfants.
- “un dernier propos, une dernière hypothèse...”
LA MISE
EN PLACE
DE
L’INTERNAT AMÉNAGÉ
DANS
L’ÉTABLISSEMENT
1 / L’internat aménagé - Comment ? Pourquoi ?
La mise en place de “l’internat aménagé” dans
l’établissement semble avoir été étroitement liée à son histoire, son
évolution, ainsi qu’aux textes de loi auxquels il se réfère.
L’établissement a été jusqu’en 1994 un institut médico
pédagogique accueillant pour plus de 80%, des enfants handicapés mentaux
moyens et légers en “internat de semaine” (prise en charge classique, à cette
période, dans ce type de structure), les autres enfants étant pris en charge en
externat.
L’internat, préconisé par la CDES, semblait devoir
répondre à trois indications précises:
- la
première était d’ordre strictement matériel puisqu’elle concernait les enfants
dont le lieu d’habitation se trouvait trop éloigné de l’établissement.
- la
seconde indication était une demande explicite de la famille d’être relayé, un
temps, dans la vie quotidienne de leur enfant handicapé.
- la
dernière indication était à visée éducative, l’internat devant permettre à
l’enfant et à la famille, par le biais d’une séparation, de débloquer des
situations engendrées par la pathologie de l’enfant. Il devait permettre aussi
à l’enfant d’accéder aux apprentissages éducatifs les plus simples, permettant
l’autonomie de la vie quotidienne.
Cette modalité de prise en charge fut donc utilisée pour ces
“usagers” jusqu’en 1994, année où l’établissement changea d’agrément (devenant Institut
de rééducation), dans le cadre de la rénovation des annexes XXIV[3](aujourd’hui ITEP), afin de répondre :
- aux
orientations de prise en charge définies dans les nouveaux textes législatifs
(Loi d’orientation scolaire dite Loi Jospin-Annexes XXIV),
- à
l’évolution de la population accueillie dans l’établissement, avec une baisse
progressive du nombre d’enfants handicapés mentaux au profit d’enfants
d’intelligence normale atteints de troubles graves de la personnalité,
- à la
demande d’un grand nombre de familles de pouvoir maintenir leurs enfants à
domicile,
- à la
création d’un Service d’Éducation spécialisée et de Soins à Domicile (SESSAD),
devant permettre (comme préconisé par les annexes XXVI) un suivi des
enfants déficients dans leurs milieux d’origine, un suivi et/ou une prévention
plus grande pour les enfants présentant des troubles du comportement et de la
personnalité (n’exigeant pas l’accueil en établissement spécialisé).
L’arrivée d’une nouvelle population d’enfants (TTC[4], échec scolaire grave, intelligence
normale), avec une commande sociale ressentie comme plus ferme autour de
l’autonomisation et du traitement des troubles sur un temps limité (de 2 à 4
ans), entraîna rapidement une remise en question, pour les professionnels, de
l’accompagnement éducatif au quotidien et, par extension, des préconisations
d’internat, ainsi qu’une nouvelle réflexion sur la mise en place et la portée
des projets individualisés.
En effet, si pour l’institut médico pédagogique, les
raisons d’admissions en internat pouvaient correspondre, hormis la question
géographique, aux besoins liés aux handicaps mentaux spécifiques des enfants
accueillis, il en était certainement
autre pour ces “nouveaux enfants” aux troubles et aux pathologies d’origines
sans doute différentes (carences éducatives, troubles psycho-affectifs,
difficultés familiales et/ou sociales...).
De ces réflexions furent clairement redéfinis les critères
de prise en charge en internat, en réfutant tant que possible les raisons qui
n’eurent été que strictement matérielles comme l’éloignement géographique par
exemple...
Les admissions en internat se virent progressivement réservées
à des indications à visée éducatives et thérapeutiques.
Ces nouveaux critères devinrent alors :
- ce que Maurice
BERGER exprime par “le besoin d’une mise à distance momentanée de l’enfant
et de sa famille devant aider les professionnels au traitement des troubles
psychiques”[5].
Les troubles de comportement, souvent liés aux pathologies
de la personnalité, semblaient, dans de
nombreux cas, entraîner une lassitude et des conflits intra-familiaux. Ainsi,
cette mise à distance devait aider à les résoudre. L’enfant lui-même, enfermé
dans sa pathologie, pouvait se trouver dans l’incapacité d’accéder aux
apprentissages éducatifs les plus simples, immobilisant son éducation à une
autonomie dans les actes de la vie quotidienne. Aussi l’internat, pour un
temps, pouvait peut-être permettre de débloquer ces situations.
- le besoin d’une séparation de l’enfant d’avec la mère,
dans des situations de relation mère-enfant qualifiée de “fusionnelle” (souvent
avec une absence réelle ou symbolique du père), empêchant l’enfant d’entrer
dans un processus d’autonomisation, le maintenant souvent dans une
“toute-puissance” incompatible avec une démarche d’apprentissage.
- le besoin de travailler, avec plus de temps que celui
imparti aux interventions éducatives en journée, des difficultés spécifiques,
comme des troubles relationnels, alimentaires, une autonomie très faible dans
les actes de la vie quotidienne, une intolérance à la frustration...
Mais surtout, la redéfinition des missions de l’institut
de rééducation permit de rappeler qu’aucune prise en charge d’enfant
n’était possible dans des situations familiales et sociales graves, en
l’absence d’une assistance éducative, d’un suivi judiciaire,
voire d’un placement (dans ces situations particulières, l’établissement
demandait ainsi un tiers).
Même si l’institut de rééducation, de part la
spécificité des troubles de la population qu’il reçoit, est fréquemment
confronté à des situations familiales très difficiles, se trouvant alors très
souvent au carrefour du pédagogique, de l’éducatif, du soin et du social (avec,
de fait, un risque de toute-puissance à devoir [pouvoir ?] tout traiter..), sa
mission reste l’accompagnement de “l’usager” à partir d’une commande de l’Éducation
Spécialisée.
En aucun cas, l’institut de rééducation est mandaté
pour assurer une protection de mineurs relevant de l’assistance éducative
ou de la protection judiciaire.
“Un internat rééducatif n’est ni un milieu familial
substitutif, ni une expérience de vie communautaire à visée pédagogique, il est
un milieu thérapeutique...”[6]. Et même si les éducateurs ne sont pas des soignants,
l’accompagnement éducatif pourra avoir des effets thérapeutiques...
Cette redéfinition permit ainsi à l’établissement de pouvoir
sortir de ce risque de toute-puissance et de focaliser son action sur sa réelle
mission autour des besoins des enfants accueillis.
Elle permit surtout aux éducateurs en charge d’accompagner
ces enfants d’évoluer dans un cadre déterminé.
Ainsi, dans un même groupe éducatif, 2 types de prise en
charge furent proposées aux familles,
l’internat (restant “de semaine”) ou l’externat.
Cependant, rapidement, les équipes éducatives se rendirent
compte de l’inefficacité de ces 2 prises en charges “extrêmes” pour de
nombreuses situations. L’internat s’avérait trop long ou peu adapté aux besoins
de certains enfants ou familles. L’externat, pour beaucoup, apparaissait trop
court pour un accompagnement efficient...
Puis, un “socle paradoxale” commença à questionner
considérablement les équipes dans l’élaboration des actions autour de
l’internat.
En effet, l’internat “à temps complet” ne semblait pas
s’imposer pour de nombreuses situations. Même s’il restait nécessaire pour un
travail spécifique, l’équipe éducative s’aperçut d’éventuels effets néfastes
pour l’équilibre familial de l’enfant ou pour son intégration sociale dans son
quartier par exemple...
Mais aussi, la difficulté pour de nombreux enfants à pouvoir
reproduire, à l’extérieur, leurs acquisitions, amena l’équipe à réfléchir sur
une autre manière de les aider à pouvoir transposer.
Une autre question singulière vint s’ajouter à ce “socle
paradoxale” : dans la mesure ou l’internat de l’institut de rééducation
n’était pas une structure de protection répondant à un réel danger de l’enfant
dans sa famille, la question se posa sur sa durée (à temps complet) pour tous.
Les annexes XXIV qui avaient initié le changement d’agrément, de structure
et donc de population, vinrent enfin rappeler qu’elles ouvraient la voie à un
travail sur un maintien de l’enfant en famille (et un réel travail de
collaboration avec elle) et d’une intégration sociale tant que possible...
Ce “socle paradoxale” et ses multiples questions firent
ainsi naître le projet de mise en place de l’internat aménagé dans
l’établissement.
La préconisation de prise en charge en internat séquentiel
devait alors répondre à 3 indications principales stipulées dans le projet
individualisé de l’enfant :
- un besoin
d’expérimenter une séparation de façon “alternée” pour travailler la difficulté
à “se séparer” et à intégrer la continuité du lien (difficulté empêchant l’entrée
dans les apprentissages...).
- un besoin de travailler la transposition des acquis en
dehors de l’établissement et en premier lieu en famille, par un aller-retour
régulier famille/institut de rééducation.
- un besoin de travailler des difficultés spécifiques
(relationnelles dans un collectif réduit, au niveau de l’autonomie pour
l’hygiène, l’alimentation, au niveau du respect des règles de vie...) sur un
temps plus long que celui de la journée, en l’occurrence en soirée...
L’internat aménagé vint aussi tenter de répondre à 3 grandes
attentes éducatives:
- la possibilité d’ouvrir cette modalité d’accompagnement à
plus de familles, réticentes à l’internat “à temps complet” pour leur enfant.
- la possibilité d’un accompagnement éducatif individualisé
plus performant, du fait d’un temps présence et d’intervention plus longs, du
fait aussi de la réduction du collectif en soirée (avec tant que possible, pour
ces soirées, la construction “stratégique” de dynamique de groupe pouvant
permettre une émulsion positive pour chacun des enfants...).
- un travail beaucoup plus important et resserré avec les
familles par cet aller-retour régulier de leur enfant entre leur domicile et
l’institution (travail imposé par les annexes XXIV, initié un temps, par
l’expérience du SESSAD de l’établissement).
Enfin, l’internat aménagé prenait tout son sens dans le
projet individualisé de l’enfant en se concrétisant par un contrat “à durée
déterminé” (3 mois renouvelable) lors d’une rencontre avec l’enfant et sa
famille, en évoquant clairement les besoins et les objectifs fixés.
A partir de 2000, l’internat aménagé devient la modalité
principale d’accompagnement des “usagers” de l’établissement.
Même si l’internat “de semaine” continue à être proposé pour
des situations difficiles demandant,
pour un temps, une séparation plus longue, une “séparation de la
famille parfois obligé pour permettre le traitement des troubles psychiques”[7], il reste minoritaire et surtout
momentané (en moyenne 1 à 3 mois).
L’externat peut souvent se transformer en internat aménagé,
après une période de mise en confiance de l’enfant et de sa famille, ce,
souvent à leur demande...
Il reste en l’état pour des situations d’enfants déjà placés
en famille d’accueil, en MECS, ou pour des situations défavorables à une
séparation (aussi minime soit-elle).
Néanmoins, dans les 3 cas de prise en charge cités,
l’établissement propose, dans son cadre spécifique basé sur le quotidien,
d’analyser les conflits que vit l’enfant et qui limitent ses possibilités.
Après cette analyse, l’équipe éducative propose à l’enfant “de
nouveaux modèles relationnels, les moyens d’élaborer, puis de surmonter ses
conflits et de reprendre un développement maturatif satisfaisant”[8].
Charge à l’équipe, en partenariat avec la famille de trouver
la modalité d’internat la mieux adaptée aux besoins de l’enfant.
2 / Situation-type d’un petit garçon, répondant aux
objectifs de départ de la mise en place
de l’internat aménagé dans l’établissement.
* “Jules,
ou l’alternat pour expérimenter
la transposition”
Jules était un petit garçon âgé de 7 ans quand il est arrivé
dans l’institut de rééducation en 1998.
D’intelligence normale, Il a été orienté dans
l’établissement par la CDES pour des difficultés scolaires très
importantes avec un comportement fluctuant du renferment sur soi à une
agitation incontrôlable.
Il montrait, à son arrivée, une très faible autonomie dans
les actes de la vie quotidienne, ce que sa mère confirmait, nous avouant
continuer à le laver et à l’habiller tous les jours...
Jules témoignait aussi d’une très faible tolérance à la
moindre contrainte ou la moindre frustration, par de nombreux et violents
caprices, ceci pouvant expliquer en partie ses réticences à entrée dans les
apprentissages scolaires.
Au niveau familial, Jules vivait seul avec sa mère, depuis
la séparation de ses parents il y avait environ 1 an.
Même avant cette séparation, la mère nous expliquait que le
père était très absent, s’occupant peu de Jules (s’occupant peu d’elle, de sa
famille ???...).
L’internat se justifia alors par la difficulté, voire
l’angoisse pour Jules de se séparer d’une mère omniprésente dans sa vie.
Relation fusionnelle, certainement amplifiée par l’absence
répété d’un mari pour la mère et d’un père pour Jules, et de cette mère
devenue, malgré elle, “trop bonne”[9], dans l’incapacité de se sortir de “l’état
d’adaptation total au désir”[10] de Jules.
Incapacité empêchant à cette mère et à ce fils, malgré eux, “la
séparation pour apprendre - la séparation pour grandir”[11], l’ouverture de ce dernier au monde extérieur, à la
curiosité de l’apprentissage, “pour être curieux, il faut avoir été comblé,
mais il ne faut plus l’être pour le rester”[12].
L’internat se justifia aussi par la très faible autonomie de
Jules relevée ci-dessus (certainement liée en grande partie à cette séparation
difficile), et par le besoin de travailler avec cet enfant l’acceptation
progressive de la frustration permettant une progression relationnelle et une
intégration plus facile dans le collectif.
Jules fut donc admis en internat “de semaine” jusqu’en 1998
(année de la mise
en place de l’internat aménagé dans l’établissement).
L’internat lui permit de découvrir progressivement que la
séparation n’avait été, ni un abandon de sa mère, ni son propre anéantissement.
Cette expérimentation positive et l’accompagnement éducatif au quotidien
l’autorisèrent à accepter peu à peu les règles de vie et à s’ouvrir aux
apprentissages scolaires et éducatifs.
Jules fit alors de nombreuses et encourageantes acquisitions
durant toute l’année.
Il avait peut-être, en partie réussi, “la double épreuve
de l’école : la séparation et l’entrée dans une système de norme collective
occasionnant une nouvelle structuration de lui-même”[13].
Néanmoins, lors d’une rencontre en fin d’année avec la mère,
l’équipe apprenait que Jules ne montrait rien de ses progrès à sa mère,
reproduisant ce qu’il avait toujours fait avec elle, incapable de lui montrer
autre chose (peut-être dans une peur de perdre une place, sa place auprès
d’elle), incapable de transposer ce qu’il avait appris, tant en classe qu’au
niveau de la vie quotidienne (autonomie).
Le constat était que Jules progressait dans l’établissement,
mais ne pouvait (ne voulait) généraliser chez lui, à l’extérieur...
Comme si l’équipe avait eu à faire à 2 enfants, celui qui
évolue dans l’établissement et celui “de chez lui”.
L’équipe proposait alors à Jules, lors de la rencontre
suivante avec sa mère, de pouvoir montrer à celle-ci ce qu’il avait appris et
ce qu’il savait à présent faire, cela pouvant être très valorisant pour lui,
tout en gardant sa place d’enfant auprès de sa mère. Jules accepta...
Mais cet exercice s’avéra difficile pour Jules, ce,
uniquement pendant le week-end ou les vacances scolaires, comme un manque de
soutien, de motivation, de désir (?)...
Comment aider Jules à généraliser ses acquis chez lui, alors
qu’il avait accepté de le faire dans l’établissement ?
Peut-être en créant une forme de continuum, une continuité
temporelle faisant moins rupture que le week-end après 5 jours passé dans
l’établissement.
Cet aller-retour entre l’établissement et chez lui pouvait
peut-être aussi lui apporter le sentiment d’un accompagnement et d’un soutien
symbolique pour transposer...
Ainsi la mise en place de l’internat aménagé, cette année
1998, permit à Jules une nouvelle expérimentation, celle d’un aller-retour
continu entre l’établissement et sa maison, avec des “micro-séparations” (2
nuits par semaine dans l’établissement) pour consolider des acquisitions ou
approfondir autour de difficultés d’ordre relationnel - “la séparation ne
devient structurante que si elle permet une réorganisation de soi à soi et de
soi à l’autre”[14] - , l’aidant à utiliser ces
apprentissages à l’extérieur...
Mais cet aller-retour permit aussi de créer un climat de
confiance et de mettre en place un réel travail de collaboration entre la mère
et l’équipe.
Celui-ci indiqua implicitement à Jules un lien contenant et
rassurant, afin de le soutenir dans ses efforts et sa progression, et de
l’aider à quitter progressivement ses anciens schémas relationnels.
Cette collaboration put amener l’équipe à, peu à peu, aider
la mère à modifier, elle aussi, des attitudes naturelles induites par les
difficultés de Jules (surprotection ou conflits...).
L’évolution s’avéra, au bout de 2 années d’internat aménagé,
bénéfique tant au niveau individuel qu’au niveau familial.
HYPOTHÈSES
D’AUTRES EFFETS BÉNÉFIQUES
DE
L’INTERNET SÉQUENTIEL
DANS
L’ACCOMPAGNEMENT ÉDUCATIF...
Ou,
l’internat séquentiel comme modalité de séparation
spécifique
peut-il favoriser l’évolution de l’enfant,
l’évolution
familiale... ?
Ce travail de recherche, de mise à distance, que je pourrais
qualifier d“intra-spectif” de l’internat séquentiel, par
l’approfondissement de la situation du petit Jules et l’analyse de 2 autres
situations d”enfants, m’aura progressivement permis, comme j’en faisais
l’hypothèse au début de cet écris, d’entrevoir, de découvrir, de déceler
d’autres effets bénéfiques de l’internat aménagé, tant pour les enfants et
leurs familles que pour les éducateurs.
Il va alors sans dire que le choix de l’analyse clinique des
2 situations suivantes aura été motivé par une progression (bénéfique) observée
pour chaque enfant.
1 / Retour sur la situation du petit Jules
Comme pour de nombreuses situations familiales d’enfants
accueillis dans l’institut de rééducation, le père de Jules était
absent.
Etait-ce l’unique cause des difficultés de Jules ?
Je ne le pense pas, mais cette absence, évoquée même avant
la “réelle” séparation des parents, aura, sans nul doute possible, participer
aux problèmes relationnelle mère-enfant, à une perturbation du développement
psychoaffectif de Jules, à un ensemble de manques et de déficits dans sa
structuration psychique.
Le père est l’instance symbolique médiatrice opérant la
séparation de la mère et de l’enfant, son absence réelle comme symbolique
comporte donc des effets dommageables sur le développement de l’enfant...
Il me semble que dans cette situation d’absence paternelle,
l’internat et les éducateurs, images identificatoires possibles pour Jules, ont
pu remplir (d’autant plus simplement par une alternance continue “internat
séquentiel-domicile” engendrée par “l’effet d’aller-retour” et le lien installé
avec la mère) une fonction symbolique paternelle momentanée, médiatrice dans la
“dyade mère-Jules”.
Ceci aura peut-être aidé, à une évolution de structuration
psychique pour Jules, aidé aussi la mère à s’enfermer de moins en moins dans la
relation duelle avec son fils, relation compliquée, amplifiée par la
“pathologie” de celui-ci...
Mais aussi, au delà de la transposition des acquis demandés
à Jules, “l’effet d’aller-retour” lui aura permis un accès progressif à une
verbalisation plus sereine chez lui, comme à l’internat, en parlant plus
simplement, dans une “continuité contenante” de problèmes vécus chez lui la
veille par exemple (“tiens hier, j’ai fais cela chez moi..”). Ceci aura
certainement contribué à amener Jules à prendre conscience de certaines de ses
difficultés, de les mettre au travail, ou tout simplement de s’ouvrir aux
autres de façon plus authentique.
2 / Deux autres situations d’enfants pris en charge en
internat séquentiel dans l’établissement, situations révélant chacune des
effets bénéfiques.
* Paul : de
l’impossible séparation au “manque suffisamment bon”
Paul est un jeune garçon âgé de 9 ans, à la personnalité
immature et très fragile, orienté vers l’établissement par la CDES :
pour un échec scolaire massif, du, en partie, à une incapacité manifeste à vivre
la “simple” séparation imposée par l’école, pour un comportement décrit
d’énigmatique par les enseignants, mêlé tour à tour de longues phases de
pleurs, de mutisme, n’accédant difficilement que lors de courtes séquences à
certains apprentissages et aux prémices d’une relation à l’autre...
A son arrivée, Paul était suivi en psychothérapie depuis
plusieurs années, les progrès étaient lents et compliqués.
L’arrivée de Paul dans l’établissement fut très difficile
pour lui, semblant renforcer angoisses et défenses archaïques.
Si l’admission de Paul se fit dans un premier temps en
externat, à la demande des parents et plus particulièrement de la mère,
l’ampleur des troubles et l’impossibilité ressentie fortement par l’équipe
éducative de pouvoir accompagner cet enfant vers un processus favorable
amenèrent celle-ci à proposer rapidement à la famille de mettre en place une
séparation partielle, pouvant aider Paul à se sortir d’une “incapacité à
symboliser l’absence”, bloquant pensées et désir de savoir, mais pouvant
aussi les aider, par des “micro-coupures” nécessaires pour penser, à réajuster
des liens devenant un peu plus compliqués chaque jour...
Cette demande permit à l’équipe de comprendre l’état de
difficulté psychique dans laquelle la mère pouvait se trouver vis à vis de son
fils.
En effet, elle était dans une ambivalence à accepter cette
proposition marquant une “pensée sans issue” altérée par la problématique de
Paul, dans une probable culpabilité à répondre favorablement à la séparation,
et enfin certainement dans un attachement compliqué avec son fils.
par ailleurs, l’équipe put observer une faible place du père
dans cette relation...
La proposition de séparation s’en voyait d’autant plus
justifiée !...
Néanmoins, il s’agissait bien d’une séparation graduelle,
alternée, partielle.
Paul montrait trop de fragilité à pouvoir vivre une
séparation plus longue.
L’expérience qu’il avait à entreprendre pouvait se faire
petit à petit, dans un “aller-retour” peut-être plus rassurant malgré des
transitions “nécessairement difficiles” (séparation et difficultés à élaborer,
à symboliser pour Paul...) qu’une rupture vécue par cet enfant comme
profondément destructrice.
“La désadaptation avec la mère doit être progressive et
mesurée, dans sa durée, à ce qui est supportable par l’enfant” [15].
Il s’agissait de prendre profondément en compte “la
notion de temps de séparation que l’enfant est capable de vivre sans se sentir
anéanti sur le plan émotionnel et intellectuel rendant l’enfant inaccessible
aux influences éducatives et renforçant alors les troubles du comportement” [16].
Les parents, la mère (!), acceptèrent l’internat aménagé
pour Paul (le lundi soir et le jeudi soir).
Les premiers soirs furent l’espace d’angoisses “terribles“
pour Paul...
Néanmoins, les temps de réassurance et de propositions d’autres
modes relationnels que ceux mis en place dans sa famille, dans ce dispositif
spécifique “d’allers-retours famille-internat”, l’amenèrent, malgré des phases
difficiles, des états régressifs certainement vitaux, à faire l’expérience de
pouvoir vivre en l’absence de ses parents, de pouvoir s’amuser avec d’autres,
de pouvoir penser à autres choses, à lui...
L’effet “d’aller-retour” était progressivement son
expérience du “FORT-DA” de FREUD: “je vis l’absence, mais je peux
retourner chez moi...”
L’internat séquentiel s’averra ainsi pour Paul :
- une coupure “pas
suffisamment longue” pour ressentir un phénomène d’oubli, voire d’abandon
des parents (surtout de la mère) évitant certainement une dépression trop forte
et néfaste pour son accompagnement,
- mais surtout une coupure “pas suffisamment courte”
pour expérimenter une séparation qui n’est pas source de destruction,
d’anéantissement, de mort, lui permettant, non sans mal, de pouvoir symboliser
à la fois “une capacité à être seul” et “un sentiment continu
d’exister”[17] (vital dans le développement
affectif et le processus de maturation) pour lui, pour sa famille...”grandir,
c’est apprendre à se séparer tout en restant entier et vivant...”[18]
L’internat aménagé, par sa fonction d’éviter le “Z”
présenté dans la notion de D. W. WINNICOTT (1971)[19], aura peut-être contribué à aider Paul à devenir,
petit à petit, capable de supporter la séparation, car il pouvait à présent,
“se représenter le parent en son absence...” [20]
Après une année et demi d’internat aménagé, l’équipe
éducative put noter des progrès importants de la part de Paul, tant au niveau
de son processus d’autonomisation et de sa relation aux autres qu’au niveau
instrumental et scolaire... Paul était peut être loin, mais il avait enfin la
certitude que sa famille n’oubliait pas eu qu’il il pouvait alors travailler,
vivre...
Ce “manque suffisamment bon”, dans un accompagnement
respectueux de ses capacités du moment, l’aura certainement progressivement
amené à sortir d’une répétition nuisible “pour laisser naître le désir de se
tourner vers l’extérieur - objet, personne, savoir - pour dialoguer, vivre et
penser”, “la capacité à supporter l’absence et la solitude conditionne l’accès
à l’apprentissage” [21]
Même si les progrès de Paul sont aujourd’hui important, je
tiens à dire une nouvelle fois que cette progression fut difficile, marqué par
de nombreuse phase douloureuses.
Mais il semble bien que pour cette situation, l’internat
séquentiel, impliquant des “petites séparations” et des “petites retrouvailles”
par lesquelles l’équipe éducative peut mettre en travail les difficultés
(expérience de la continuité du lien dans le temps), aura pu être un outil
réellement adapté aux besoins et capacités de Paul au début de sa prise en
charge dans l’établissement, comme
aujourd’hui encore, pour une consolidation de son autonomisation....
* Martine :
“j’ai jeté mon biberon, j’ai retrouvé mon lit...”
Martine est une petite fille de 8 ans qui a été admise dans
l’établissement l’année dernière.
Elle a été orientée en éducation spécialisée pour des
troubles importants du comportement et de personnalité l’empêchant toute
poursuite du cursus scolaire ordinaire, mais aussi l’empêchant de vivre une vie
sociale “adapté”.
A son arrivée, Martine a très rapidement témoigné de
l’ampleur de ces difficultés (troubles relationnels, agressivité, angoisses
multiples, intolérance à la frustration, toute-puissance, rigidité de
fonctionnement et de pensée, agitation...).
Mais encore une fois, Martine témoignait elle aussi d’une
grande difficulté de séparation d’avec sa mère, avec qui elle vivait seule
depuis la séparation de ses parents deux années avant.
Cette difficulté de séparation semblait être à la source de
nombreuses problématiques montrées par Martine, ceci étant relaté par de
nombreux enseignants dès son entrée à l’école maternelle...
La relation de Martine avec sa mère, quoique pouvant être
qualifiée de “fusionnelle” n’en n’était pas moins difficile et souvent
conflictuelle.
La mère de Martine avouait toute son impuissance à pouvoir,
aujourd’hui, apporter des limites à sa fille.
Encore une nouvelle fois, dans cette situation, la présence
réelle ou symbolique du père faisait semble-t-il défaut.
Même si le père de Martine continuait d’investir sa place,
il semblait cependant mis, malgré lui (?) à l’écart d’une relation
mère-fillette laissant peu de place à un 3e protagoniste, ce qui ne pouvait que
renforcer l’aspect fusionnelle de celle-ci
Mais surtout, l’histoire de Martine avait déjà été le
théâtre d’une séparation certainement traumatisante engendrée par
l’hospitalisation de sa mère, durant plusieurs semaines, alors qu’elle n’avait
que 2 ans...
L’hypothèse d’une séparation brutale trop difficile et devenue
finalement néfaste pour la petite fille était avancée par la mère elle-même,
expliquant que les troubles de sa fille s’étaient installés suite à cet
événement douloureux.
Comment pouvoir vivre une nouvelle séparation induite par la
scolarisation, alors que le souvenir de celle qui a pu faire traumatisme vient
peut-être révéler des angoisses insurmontables ? “Quand la mère est absente
pendant une période qui dépasse une certaine limite... - le souvenir de la
représentation interne s’efface...” (D. W. WINNICOTT).
Ainsi une nouvelle séparation peut être vécue comme une
perte, pouvant, on peut le comprendre, laisser place à toutes formes de
symptômes, toutes formes de comportement inadapté... (Est-ce le cas pour
Martine ?)
Face à l’ampleur des difficultés de Martine, l’équipe
éducative avait besoin de temps pour pouvoir accompagner cette petite fille
dans un long processus de reconstruction d’un “Moi abîmé”...
Mais surtout ce temps se devait peut-être d’être alterné,
afin de ne pas brusquer les choses et de rassurer tant que possible Martine
dans cette nouvelle épreuve de séparation. Rassurer, tout en mettant en travail
, comme pour Jules ou Paul, les difficultés montrées, vécues, rapportées dans “le lieu-internat”.
L’équipe éducative proposa alors à la mère, mais aussi au
père, un internat séquentiel de 2 nuits par semaine.
L’internat, même séquentiel, la séparation, même partielle,
sont une épreuve difficile (difficilement mais essentielle) pour les enfants.
Aussi, Martine aura-t-elle pu en témoigner violemment durant
de longues semaines, avant d’accepter, par un maintien fort des limites,
parfois une contention nécessaire qui l’auront paradoxalement sécurisé, ce
nouvel “objet”...
Ce n’est qu’à partir de ces moments, “d’apprivoisement”,
puis de mise en confiance progressif, amenés par une séparation graduelle (dans
un “aller-retour” aux “micro-coupures” qui engage au travail...) que l’équipe
aura pu commencer à “dénouer” des conduites inadaptées, à travailler à partir
des régressions “pathologiques”, à accompagner Martine face à ses nombreux
troubles ...
Au delà de ses nombreuses difficultés, Martine montrait, au
travers de 2 conduites singulières, sa problématique liée à “l’angoisse de
séparation”. La première, certainement sous forme d’une fixation orale, étant
la prise journalière de biberon remplaçant la nourriture solide (au sujet de
laquelle elle présentait des troubles alimentaires très sérieux...) et pour
laquelle la mère était dans l’impossibilité de s’opposer...
La seconde (sans doute lié à la première) étant de dormir
dans le lit de sa mère (incapacité pour martine de réellement se séparer d’elle
lors de ce moment angoissant, régression ?...).
Pour Martine, la stabilité de l’internat, liée à une alternance
acceptable psychiquement pour elle, lui auront permis d’intégrer, petit à
petit, la permanence symbolique de sa mère, “une permanence permettant
l’attente, la tolérance à la frustration et à l’angoisse - assurant les
possibilités d’une évolution ultérieure harmonieuse” (MALHER 1971/GLOSE 1992).
Aussi, c’est dans ce lieu, où aux enjeux relationnels moins
forts - “moins contraint d’aborder des problèmes affectifs qu’un attachement
à une figure parentale peut raviver...”[22],
mais aussi lieu de “contraintes médiatisées” par le groupe d’enfant devenant,
au même titre que les éducateurs, un soutien projectif que Martine aura pu
commencer à laisser, à abandonner des conduites “inadaptées”...
Au bout de quelques mois, les temps hebdomadaires passés à
l’internat amenèrent progressivement Martine à se détacher de son biberon à la
maison, ayant pu profondément (intra-psychiquement ?) qu’elle n’en avait pas
réellement besoin...
Les troubles alimentaires restaient colossaux, mais un
premier pas était semble-t-il franchi dans l’évolution relationnelle
intra-familiale et Martine acceptait de grandir...
L’aller-retour de l’internat séquentiel l’amenait à pouvoir
reproduire chez elle, dans une continuité temporelle, des nouveaux modes de
fonctionnement, des acquisitions dans les actes de la vie quotidienne
(autonomie, hygiène, respect de l’autre, de la parole de l’adulte...).
Les mécanismes de défense (surtout sous forme régressive)
s’estompait pour laisser place à un processus, un changement favorable de
Martine...
Dormir seule dans un lit à l’internat, hormis l’exercice et
l’intégration de la différenciation, de l’interdit de l’inceste, de la
différence de l’autre, et de la génération (avec sa mère), était devenu au fil
des mois, moins angoissant. La “petite séparation”, et la mise en mots, par les
éducateurs, de sentiments, de questionnements internes, d’affects semblaient
apporté les effets escomptés...
Le groupe d’enfants montrait à martine le chemin d’une
certaine norme sociale, qu’elle acceptait, peu à peu d’empreinter, soutenu par
les adultes et la dynamique de groupe.
“L’effet aller-retour” faisait lien et l’amenait
progressivement à transposer.
La collaboration avec la mère s’était intensifiée, aidant
Martine à généraliser, aidant la mère à trouver une issue à l’impasse,
réintroduisant le père dans la relation, l’éducation et la place auprès de sa
fille.
Ainsi, pour la mère, l’internat séquentiel devenait un lieu
de mise à distance, permettant de réguler l’ambiance familiale à la semaine, la
libérant, en même temps que Martine d’une relation “sans issue”...
Mais aussi il lui permettait, comme au père réintroduit dans
sa fonction, de les réhabiliter comme parents réels (parents bien distincts de
l’enfant) dont parle BERGER (a but thérapeutique)
Comme pour Jules, “l’effet aller-retour” permit, par sa
continuité, d’aider Martine à parler de chez elle à l’internat, de vécus, de
difficultés, l’amenant, par ce travail réflexif, à les repenser, à en élaborer
quelque chose, et se découvrir un peu plus “de l’intérieur”, “l’élaboration,
c’est amener l’usager à penser une difficulté ou un évènement, à en appréhender
certains ressorts - c’est par un savoir sur soi que l’usager pourra se dégager
de certains modes de fonctionnement...”[23]
Aujourd’hui, comme pour les 2 enfants précédents, Martine
témoigne de nombreux progrès.
Elle a pu découvrir, jour après jour, quelques bribes de son
potentiel pour le réinvestir, gagner en estime de soi et en revalorisation
narcissique...
Sa route est néanmoins encore longue, tant les difficultés,
avec lesquels elle s’est construite jusqu’à ce jour, sont grandes.
Elle continue à être prise en charge en internat aménagé,
ayant changé plusieurs fois de rythme de nuits, dans un souci d’adaptation à sa
vie familiale et à son projet individualisé.
3 / “Mais l’internat aménagé, c’est aussi...”
L’internat séquentiel est donc une séquence (entre deux
autres séquences en famille), privilégiée et spécialisée, pour repérer et
travailler les troubles dont souffrent les enfants accueillis - “dans un
cadre organisé, l’éducateur peut exploiter les situations de séparation,
repérant certains dysfonctionnements relationnels ou sociaux, et à partir de
là, tenter avec l’enfant d’y remédier...”[24]
L’internat séquentiel, ce sont aussi des “micro-séparations”
de la famille, pour un lieu cadré et contenant à même d’amener l’enfant à
apprendre progressivement à entrer en
relation avec d’autres... Ainsi Jacques, un petit garçon d’une toute-puissance
déconcertante, aux troubles relationnels impressionnants viendra 2 soirs par
semaine pour expérimenter la relation non dangereuse avec un groupe d’enfants
plus restreint que dans la journée, donc certainement moins inquiétant pour
lui... “Les enfants ne vivent que dans le monde qu’ils ont connus et n’ont
pas appris qu’il existe plusieurs façons de vivre, toutes légitimes”[25] - “intégrer les désirs d’autrui en
renonçant à la toute-puissance”[26].
C’est aussi un lieu de créativité, de jeux, d’expression que
tous n’ont pas toujours la possibilité de vivre chez eux... Ainsi, c’est dans
cet espace que Frédéric, un enfant mutique se sera révélé, sans être coupé d’un
lien important avec sa famille... Un espace
d’“activité quotidienne que l’enfant découvre par lui-même et auxquelles il
peut prendre part - amenant ensuite au travail de prise de conscience des
difficultés...” [27];
L’internat séquentiel, c’est encore, par sa modalité de
prise en charge aux transitions concrètes, un lieu spécifique d’apprentissage
de la temporalité et de la projection dans le temps, un réel lieu d’expérience
de la continuité du temps et du lien...
C’est surtout un lieu de relation, qui même s’il est toujours
teinté de transfert, de projection, d’images identificatoires, reste différent,
complémentaire du lien familial, c’est ainsi, un réel lieu d’apprentissage, de
réapprentissage, de rééducation...
4 / Les effets bénéfiques de l’internat séquentiel observés
pour les parents
Tout d’abord, la séparation alternée rappelle plus que
d’autres modalité d’internat que les parents reste les premiers acteurs, les
premiers accompagnants de l’éducation de leur enfant.
Elle favorise ainsi, si besoin en est, le maintien d’une place continuelle dans la
famille et plus largement une intégration sociale (évitant le phénomène de
stigmatisation de l’internat à temps complet).
L’internat séquentiel permet un éloignement momentané
pouvant aider les parents à souffler, à se sortir d’une relation affective
difficile (engendrée en grande partie par la pathologie de leur enfant..)
Cet éloignement, au même titre que pour les éducateurs, peut
servir à une prise de recul et de questionnement constructif autour des difficultés...
La séparation dans la semaine peut aider à réinvestir une
situation ressentie comme désespérée par la famille, à réinvestir aussi
certainement l’enfant et son éducation.
Elle peut amener, par “un angle de vue différent” (moins
attaqué par le quotidien) à découvrir (redécouvrir) quelque chose de positif de
l’enfant, à l’envisager autrement tout en offrant de nouvelles portes de sortie
(...d’entrée !...)
.
La séparation séquentiel peut favoriser une certaine
“maîtrise” (une dilution) de la culpabilité des parents vis à vis des troubles
de leur enfant, de son échec scolaire et de son orientation spécialisée,
culpabilité empêchant certainement les parents de penser leur enfant...
Enfin, l’internat séquentiel peut permettre (de part son
éloignement suivi d’un retour) de retrouver une parole, un échange, “une
relation pleine” entre les parents et l’enfant (en opposition à “la
relation vide” évoquer par Maurice BERGER, synonyme de collage)...
5 / Les effets sur
l’accompagnement éducatif pour les éducateurs
L’internat séquentiel, par son dispositif spécifique
impliquant de nombreuses transitions appelle à un travail de partenariat et de lien étroit avec
les familles, d’autant plus important pour un grand nombre d’enfants risquant
de ressentir un désenracinement provoqué par “l’effet d’aller-retour” négatif,
mobilisant pour d’autres de nombreux clivages...
Par la mise en place d’une prise en charge alternée, il
affaiblie le risque de toute-puissance de l’éducateur au bénéfice d’une
collaboration avec la famille.
L’alternance des prises en charge favorise une prise de
recul des situations indispensable dans l’accompagnement éducatif, ceci pouvant permettre un
réajustement de sa pratique, une meilleure compréhension de l’interaction
relationnelle vécue...
L’internat séquentiel permet un réel travail individualisé,
s’appuyant sur une adaptation plus
grande aux réels besoins de l’enfant, le remettant aussi, de fait, au centre de
son projet (partie prenante et acteur : transposition, compréhension de l’internat,
contrat, objectif...)
De plus ce dispositif appelle à une évaluation plus
régulière de ses effets pour chaque situation (donc une garantie de l’action
menée).
L’internat séquentiel est un travail évolutif pouvant
combattre une éventuelle routine négative sans toute fois détruire les temps
essentiels du quotidien et la continuité de la prise en charge....
Enfin cette modalité de prise en charge permettrait de
temporiser “la théorie de l’idéologie du lien” (impossibilité de
penser la séparation enfant-famille)[28]
, laissant les professionnels hors d’un débat passionnel. La séparation
partielle a pour objectif le traitement des “liens négatifs” (traumatiques,
désorganisateurs, participant aux pathologies...), et de favoriser, par
l’aspect alternatif (“effet d’aller-retour”), les “liens positifs” ou en voie
de bénéfices (liens permettant, à l’enfant d’organiser son monde interne, à la
famille de trouver son équilibre...).
DERNIERS
PROPOS...
DERNIÈRE
HYPOTHÈSE...
Derniers propos de cette étude, car mon exploration autour
de l’internat séquentiel, même si elle m’aura permis d’élargir ma
représentation, et de peut-être mieux comprendre certains des effets de cette
prise en charge, ne peut s’arrêter là...
Cette étude est logiquement limitée par la spécificité de
l’établissement et des enfants observés, et ne peut alors généraliser
automatiquement mes hypothèses et découvertes précises...
De plus, cette étude doit être pris en compte dans son
contexte temporel (modalité de prise en charge récente) appelant à plus de
recul pour une analyse fiable.
Elle se devra alors d’être revisitée, réanalysée avec le
temps, l’expérience, pour d’autres situations...
Il sera tout aussi intéressant de l’observer pour d’autres
établissements ayant opté pour cette forme d’internat, tout en alimentant
l’analyse par d’éventuels apports théoriques et bibliographies spécifiques à
cette pratique...
Néanmoins, ces “derniers propos” pour “proposer”
une “dernière” hypothèse...
Tout au long ce travail, j’ai évoqué à plusieurs reprises
“l’effet d’aller-retour” devant permettre à l’enfant fragile affectivement, de
façon consciente et inconsciente, d’amener des vécus, des expériences
douloureuses, des questionnements à l’internat, de les mettre petit à petit “en
travail”, dans une réalité structurante, puis de les ramener chez lui, dans une
fonction de généralisation...
L’internat séquentiel peut alors être un réel espace
d’entre-deux (établissement-famille, mais aussi “dépendance affective à
l’objet d’amour”-autonomie évoluante, et encore “illusion”-“désillusion”,
“réalité intérieure-réalité extérieure”...).
Ne pourrait-on pas alors poser l’hypothèse que l’internat et
sa spécificité d’alternance (passage de “l’un à l’autre” dans un cadre
contenant, propice à l’expérience sécurisée) serait, en plus d’un espace
médiateur entre l’école et la famille, une “aire transitionnelle
d’expérience” pour l’enfant, comme le définit WINNICOTT[29], devant
amené l’enfant à vivre illusion, désillusion, jeu et expériences,
symbolisation (ou pourrait se jouer un “FORT-DA” pour Jules ou Paul tout en
tenant encore la ficelle rassurante...), et à se reconstruire dans le réel
(...), tout en étant aussi un espace privilégié de “pare-excitation”,
par son rôle de contenant et par sa non reproduction du mode relationnel
familial (ceci pouvant permettre une atténuation de certains troubles et une
augmentation des capacité attentionnelle en classe)...
CONCLUSION
Une nouvelle fois dans mon cheminent professionnel, ce
travail spécifique de recherche m’aura permis, par une prise de distance
essentielle, d’aller bousculer “un familier” et d’en découvrir,
comme aimait à l’expliquer Maurice BLANCHOT, “de l’étonnant”,
de la surprise, d’autres choses que les
“simples évidences”...
Mais ce travail m’aura surtout amener à interroger ma
pratique, mon environnement de travail afin, tant que possible, de réajuster
mes actions...
Ainsi, l’observation profonde de situations dans le cadre de
l’internat séquentiel m’aura amené à pouvoir définir cette modalité de prise en
charge comme un réel programme éducatif, pour cet établissement, pouvant
permettre d’adapter précisément les projets individualisés de chaque enfant
accueilli en fonction de leurs besoins propres du moment, allant ainsi dans le
sens de Michel LEMAY : “mettre au point pour chaque enfant une
approche thérapeutique suffisamment souple pour quelle puisses être rapidement
modifier en fonction des besoins nouveaux”[30].
Cependant, il m’est un nouvelle fois important de rappeler
que cette modalité d’accompagnement ne peut être transposable à toutes
situations d’admission en internat (placement ASE, justice,
situations de danger, de carences graves ou orientations CDES...).
Si l’internat séquentiel, dans cet établissement, aura pu
être un outil bénéfique dans la reconstruction de certains enfants accueillis,
il doit rester une modalité d’accompagnement parmi d’autres, dans un
authentique soucis de répondre aux besoins du sujet (internat plus long,
externat...), à la condition que chacune d’elles puisse faire l’objet de bilan
réguliers...
En effet, autant parfois, une seule nuit d’internat par
semaine pourra aider à débloquer une situation compliquée, autant pour d’autre
fois, la séparation devra être plus grande pour différentes raisons...
Au lendemain de la Loi de 2002 rénovant l’action sociale
et médico-sociale et dans la
prolongation des annexes XXIV, l’internat aménagé semble pouvoir être un
outil éducatif privilégié pour aider “l’usager” à devenir acteur de son projet,
pour introduire la famille dans un réel partenariat, pour insuffler plus encore
une adaptation toujours plus respectueuse des besoins de “l’usager”.
Pour finir, j’aurais tenté, par cette étude, de contenir à ma
façon le paradoxe de l’avènement progressif des internats séquentiels dans le
secteur de l’éducation spécialisée et du manque cruel d’écrits à ce sujet, en
manipulant, parfois difficilement, une théorie plus large.
Cette recherche est donc loin d’être achevée, elle n’est
certainement que les prémices d’une étude plus étayée...
BIBLIOGRAPHIE
“ Les séparations à but thérapeutique” - Maurice BERGER
- Dunod
Paris 1997
“L’enfant et la souffrance de la séparation” - Maurice BERGER
- Dunod
Paris 1997
“L’amour ne suffit pas” - Bruno BETTELHEIM - Editions Fleurus - Paris 1970
“Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES
- Article
de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
Article “Deviens qui tu es...” - Janine FORTIN
- ACRQ Web
“J’ai mal à ma mère” - Michel LEMAY
- Editions
Fleurus Psycho-pédagogie - Paris 1993
“Internat et séparations - des outils éducatifs ?” - Richard JOSEFSBERG
- Editions
ERES 1997
“Psychopathologie de l’enfant” - Daniel MARCELLI - Masson Paris
1993
“La première rentrée, les enjeux d’une prévention précoce à
l’école”
-
Maryse METRA - E.A.P. -1999
“De la pédiatrie à la psychanalyse” - D. W WINNICOTT - Payot Paris 1969
“Jeu et réalité”- D. W WINNICOTT - Folio essais / Gallimard Paris1975
“Le travail d’éducateur spécialisé” -
Jozeph ROUZEL - Dunod
Paris 2000
[1] Stéphane VACHON, professeur du Département d’Études Française à l’Université de Montréal
[2] Citation reprise par Jozeph ROUZEL dans son ouvrage “Le travail d’éducateur spécialisé” - Dunod Paris 2000
[3] Annexe XXIV au décret 1956 - Circulaire du 30 octobre 1989.
[4] TCC : Troubles de la conduite et du comportement
[5] “Les séparations à but thérapeutique” - Maurice BERGER - Dunod Paris 1997
[6] “J’ai mal à ma mère” - Michel LEMAY - Editions Fleurus Psycho-pédagogie - Paris 1993
[7] “L’enfant et la souffrance de la séparation” - Maurice BERGER - Dunod Paris 1997
[8] “Psychopathologie de l’enfant” - Daniel MARCELLI - Masson Paris 1993
[9] En référence à la théorie de la “mère suffisamment bonne” de D. W. WINNICOTT
[10] “De la pédiatrie à la psychanalyse” - D. W WINNICOTT - Payot Paris 1969
[11] “Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES - Article de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
[12] “Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES - Article de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
[13] “La première rentrée, les enjeux d’une prévention précose à l’école” - Maryse METRA - E.A.P. -1999
[14] “Internat et séparations - des outils éducatifs ?” - Richard JOSEFSBERG - Editions ERES 1997
[15] “Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES - Article de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
[16] “ Les séparations à but thérapeutique” - Maurice BERGER - Dunod Paris 1997
[17] “De la pédiatrie à la psychanalyse” - D. W WINNICOTT - Payot Paris 1969
[18] Article “Deviens qui tu es...” - Janine FORTIN - ACRQ Web
[19] Notion de D. W. WINNICOTT - “Le temps d’absence” (1971) : X minutes/sentiment d’existence du parent pendant absence + Y minutes/désempare ment si toujours absence + Z minutes/angoisses et traumatisme, perte de continuité d’exister.
[20] “L’enfant et la souffrance de la séparation” - Maurice BERGER - Dunod Paris 1997
[21] “Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES - Article de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
[22] “L’amour ne suffit pas” - Bruno BETTELHEIM - Editions Fleurus - Paris 1970
[23] “Internat et séparations - des outils éducatifs ?” - Richard JOSEFSBERG - Editions ERES 1997
[24] “Internat et séparations - des outils éducatifs ?” - Richard JOSEFSBERG - Editions ERES 1997
[25] “L’amour ne suffit pas” - Bruno BETTELHEIM - Editions Fleurus - Paris 1970
[26] “Qu’est-ce qu’apprendre” - Françoise COUTOU-COUMES - Article de Le Groupe Familial N° 121 - Octobre 1998
[27] “L’amour ne suffit pas” - Bruno BETTELHEIM - Editions Fleurus - Paris 1970
[28] “L’enfant et la souffrance de la séparation” - Maurice BERGER - Dunod Paris 1997
[29] “Jeu et réalité”- D. W WINNICOTT - Folio essais / Gallimard Paris1975
[30] “J’ai mal à ma mère” - Michel LEMAY - Editions Fleurus Psycho-pédagogie - Paris 1993